lundi 14 juin 2021

Dangers sur les transferts maritimes de marchandises

Nous vivons dans un monde où tout ce qui peut nous faciliter la vie est facilement accessible et le plus souvent à bon prix. Cependant, la plupart des consommateurs ne savent pas comment toutes ces choses sont parvenues jusqu’à eux et les risques qu’ont pris les hommes et les femmes qui agissent pour amener ce “bonheur” depuis le sud-est asiatique jusqu’à nos contrées occidentales. 

Dans cet article, nous évoquerons les dangers qui peuvent survenir lors de cette opération de transport et en particulier du transport maritime, qu’il s’agisse de dommages aux biens ou aux personnes pouvant résulter d’un ou plusieurs accidents. 

Quels sont les risques associés au transport maritime des marchandises, pour l’environnement global, les armateurs, les consommateurs, ainsi que les équipages, premiers concernés ? 

Quelles sont les solutions mises en œuvre et/ou envisageables, à tous les niveaux, pour rendre ces risques acceptables ? 

Nous allons répondre à ces différentes problématiques en décrivant les principaux types de dangers qui peuvent exister, expliquer les moyens pour en prévenir un maximum, décrire en particulier les solutions qui peuvent exister à grande échelle (celle d’une nation et/ou au niveau international) et à petite échelle (mises en œuvre par les personnes, ou les opérateurs économiques eux-mêmes). 

Nous terminerons l’article en confirmant par un tableau l’hypothèse selon laquelle plus un danger est global, plus sa solution est organisationnelle et plus un danger est précis, plus sa solution peut être technique. De plus, nous verrons qu’une solution peut être potentialisée par un impact sur plusieurs dangers/risques. 

Exemples de dangers au niveau mondial 

Au niveau géographique : Transporter des marchandises nécessite des accords entre les différents pays dont on traverse les eaux, certaines régions du monde sont plus dangereuses que d’autres : certaines présentent des conditions météorologiques dangereuses, comme le Cap-Horn, ou bien des tensions militaires comme le Golfe d’Aden. 

Il est nécessaire de former les équipages à la gestion de tels risques, notamment :  

-    En leur donnant les capacités et l’autonomie pour éviter les zones à situation météorologique dangereuse en dépit des contraintes économiques, ou dans le pire des cas pour savoir se repérer et traverser ces zones sans dommage. 

-    En leur apprenant à se défendre et/ou appeler les secours pour conserver le contrôle du navire en cas d’actes de piraterie.

Certains pays, comme les USA, peuvent tirer parti de leur puissance économique et monétaire pour imposer un blocus à leurs adversaires. D’autres (Iran, Egypte…) peuvent mettre à profit leur situation sur les routes maritimes, pour en tirer avantage, du fait de leur pouvoir de nuisance, notamment sur l’approvisionnement en pétrole, même si l’apparition du gaz de schiste en Amérique du Nord a relativisé ce risque. 

Au niveau environnemental : Transporter des marchandises par la mer est l’un des vecteurs les plus polluants avec l’aérien : outre le rejet de gaz et particules toxiques, les navires circulent parfois près de récifs de coraux fragiles, or les vagues que provoquent leurs étraves endommagent ces coraux et nuisent donc à la faune et à la flore marine. 

En cas de naufrage, les conteneurs peuvent tomber à l’eau, déversant potentiellement leur contenu. S’il est toxique, la zone de déversement sera contaminée pendant longtemps. Il en est de même en cas de marée noire.

De plus, lors de la crise du COVID-19, les navires bloqués à quai dépendant du fonctionnement de leurs moteurs pour l’apport en électricité à bord, il a été relevé des taux de pollution largement au-dessus des normes autorisées, et des associations de riverains ont fait état d’une augmentation des affections respiratoires. 

La solution la plus simple serait de modifier les zones de passages des bateaux, mais l’aspect économique prime souvent sur l’aspect écologique. Ainsi par exemple, les pays donnant sur l’océan Arctique se réjouissent de la fonte des glaces qui pourrait permettre l’ouverture d’une nouvelle voie maritime, refusant d’admettre que ce trafic accentuerait cette fonte, mettant en péril l’écosystème et plus globalement accélérant le réchauffement de la planète. 

En revanche, certains pays adoptent des solutions écoresponsables comme la promulgation de lois protégeant les zones marines, qui peuvent ainsi permettre la protection d’espaces protégés fragilisés par le réchauffement de la planète ou par de précédents passages ou pollutions. 

Au niveau commercial : Les tensions sur l’approvisionnement liées à la crise du COVID-19, qui ont freiné de manière significative l’économie mondiale, ont mis en outre en évidence notre dépendance à un nombre limité d’entreprises de transport pour assurer le commerce mondial.  Des navires ont été immobilisés par la contagion ou par des mesures de quarantaine ; de plus, la moindre erreur peut avoir de grandes répercutions : ainsi, le blocage du canal de Suez par le EverGiven a eu pour conséquence des retards considérables pour l’acheminement des différentes marchandises qui normalement passent par ce canal, qui représente 10% du trafic maritime mondial. 

Les potentielles solutions sont naturellement dans l’immédiat, celles qui permettront la fin de la pandémie, mais aussi à plus long terme, la relocalisation des entreprises, afin de limiter les aléas liés aux volumes de composants déplacés d’un bout à l’autre de la planète. De plus, cette tendance pourrait, si elle se confirme, avoir un deuxième effet vertueux en raison de son impact écologique positif. 

Le ralentissement du trafic maritime mondial a aussi entrainé un risque d’accroissement des inégalités entre pays développés et en voie de développement. Ainsi, la crise sanitaire a touché les pays les plus pauvres économiquement : la captation du trafic résiduel au profit des pays développés a entrainé une diminution importante de passages et a réduit la livraison d’articles de santé ou de biens alimentaires dans certains pays d’Afrique alors que la crise y était très présente.  

Exemples de dangers au niveau local : à bord et dans les ports  

Au niveau matériel : les ports sont les zones présentant le plus de dangers : le déchargement ou le chargement de conteneurs et de marchandises peut être dangereux : chute, explosion, incendie, mise dans l’eau, écrasement : tout dépend de la marchandise transportée, de la façon dont elle est arrimée, conditionnée, etc 

Pour savoir ce que contient un conteneur, il faut pouvoir l’identifier : chacun est numéroté et répertorié sur une liste indiquant le contenu, la provenance, le lieu d’arrivée, l’horaire etc. Tous ces éléments constituent ce que l’on appelle la traçabilité. 

Grâce à cette traçabilité, il est possible de vérifier le contenu et donc de s’assurer que les moyens de transports utilisés sont cohérents avec ce contenu et la réglementation. Par exemple : un conteneur de produits dangereux doit être manipulé en suivant l’arrêté ADNR, qui implique que des conseillers à la sécurité soient présents lors des manœuvres sur ces conteneurs. 

Au niveau humain : Chaque personne se trouvant à bord, ou à quai, doit être habilitée pour la ou les tâches auxquelles elle a été affectée. Une personne travaillant sur site sans avoir les habilitations nécessaires présente un risque accru d’accident potentiellement grave, mettant en cause au niveau juridique sa responsabilité personnelle, ainsi que celle de son employeur. 

Pour limiter ces accidents, il faut suivre les directives, obtenir des accréditations et surtout former les salariés aux différents dangers qu’ils peuvent rencontrer et pratiquer l’amélioration continue : notamment, quand un accident arrive, analyser ce qui s’est passé et prendre des mesures correctives pour éviter qu’il ne se reproduise.

Pour conclure, on peut distinguer deux niveaux principaux en termes de dangers et de risques, indépendamment de la nature de ces risques : le niveau mondial (problématiques globales du transport maritime international) et le niveau local (aspects logistiques et pratiques sur le terrain). 

Dans chacun de ces niveaux apparaissent des sous-niveaux (géographique/ géopolitique, environnemental, commercial, matériel, humain…). 

A chaque danger envisagé, plusieurs types de solutions peuvent être apportées. Les problématiques les plus globales nécessiteront le plus souvent de mesures organisationnelles, les problématiques les plus locales relevant la plupart du temps de solutions techniques. 

Ceci est illustré par la figure suivante, présentant de manière non exhaustive certains des principaux dangers et certaines solutions pouvant permettre d’y remédier.


Typologies des solutions par rapport à la spécificité des dangers

Danger/solutions

Organisationnelles 

Intermédiaires

Techniques

Epidémie

Confinement

 

 

 Embargo ou menace géopolitique

Diplomatie

 

 

Menace environnementale globale

Diplomatie

Lobbying

 

Menace globale sur l’approvisionnement

Relocalisation

 

 

Météo

 

Formation

 

Piraterie

Patrouilleurs

Formation

 

Chutes

Réglementation/ contrôles

Formation

 

Menace sur les récifs coralliens

Routes différentes selon la taille des navires

Diminution de la taille des navires

 

Risque d’obturation d’un canal

 

Diminution de la taille des navires

 

Suspicion de cas à bord

 

 

Quarantaine

Container à la mer

 

 

Balises émettrices




Sources :  

-       Sites-web : https://m.fondation-res-publica.org/Le-transport-maritimeet-ses-enjeux_a1028.html 

-       https://www.inrs.fr/risques/bruit/ce-qu-il-faut-retenir.html ; 

-       https://www.inrs.fr/risques/chimiques/ce-qu-il-faut-retenir.html ;  

-       https://www.inrs.fr/risques/epuisement-burnout/ce-qu-il-faut-retenir.html

-       Vidéos : https://youtu.be/FvwdH_jfgnQ 

-       https://youtu.be/cMJ68SIIU1Y

-       Livres : Transport maritime, danger public et bien mondial, François Lille,

Raphaël Baumler, Editions Charles Léopold Mayer, Paris,

-       Articles : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00780595/document

-       https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectivesorganisation-ergonomie/manutentions/les-risques-de-la-manutentionportuaire

-       https://omc.ceis.eu/cybersecurite-du-transport-maritime-quels-enjeux-etquelles-reponses/

-       https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=DC%204

-       https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectivesorganisation-ergonomie/manutentions/titre-le-transport-de-matieresdangereuses-tmd

-       https://www.google.com/url?

sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwizk5Om0JbvAhUI2BoKHWdZAusQFjADegQIBBAD&url=https%3A%2F%2Fwww.theses.fr%2F2014LORIS345.pdf&usg=AOvVaw3SRfVScRATYOEu4f4UN guj

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