jeudi 25 juin 2020

Les risques psychologiques liés au confinement

par Rania Majdoub

Contexte
En décembre 2019, un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2 a fait son apparition dans la ville de Wuhan en Chine. Il est à l’origine de la maladie infectieuse respiratoire appelée « COVID-19 » (CoronaVIrus Disease).

Rappel : Les « coronavirus » sont une famille de virus qui provoquent chez l’Homme des infections respiratoires qui peuvent aller d’un rhume banal à une infection pulmonaire sévère. Dans le passé, des coronavirus ont déjà provoqué des épidémies graves chez l’Homme comme celle de 2002/2003 provoquée par le SARS-CoV et celle de 2012 provoquée par le MERS-CoV. Courant janvier-février 2020, une épidémie de COVID-19 commence à se propager en Chine puis évolue rapidement au niveau mondial. Le 11 mars 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare que le COVID-19 peut être qualifié de pandémie.

Le confinement : une mesure nécessaire pour ralentir l’épidémie de COVID-19. Afin de lutter contre l’épidémie, le Président de la République Emmanuel Macron a mis en place, le 16 mars 2020, un dispositif de confinement sur l’ensemble du territoire qui est entré en vigueur le lendemain, mardi 17 mars 2020 à 12h00. Ce dispositif consiste à réduire les contacts et déplacements au strict minimum afin de limiter et prévenir la transmission du virus n’autorisant, selon l’attestation, que :
  • Les déplacements du domicile au lieu de travail lorsque le télétravail n’est pas possible.
  • Les achats de première nécessité dans les commerces de proximité autorisés.
  • Les consultations et soins ne pouvant pas être faits à distance et ne pouvant pas être différés.
  • Les déplacements pour la garde de ses enfants et pour aider les personnes vulnérables à condition de respecter les gestes barrières.
  • Les déplacements pour exercice physique ou au besoin des animaux de compagnie à titre individuel et sans aucun rassemblement, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile.

En vue de la situation sanitaire qui l’exigeait, le confinement a été prolongé une première fois, le 27 mars 2020, pour une durée de deux semaines puis une seconde fois le 13 avril, pour un déconfinement progressif qui a été fixé au 11 mai.


Une mesure qui n’est pas sans conséquences sur le plan psychologique

Le dispositif de confinement, bien qu’étant nécessaire pour lutter contre l’épidémie, représente chez certaines personnes un réel danger et peut avoir des impacts négatifs sur le plan psychologique. Le changement des habitudes peut aussi être difficile à vivre. Depuis le début de la crise, une stratégie progressive a été adoptée en restreignant au fur et à mesure les libertés, et ce, afin de faire face aux incivismes, de préparer mentalement et faire accepter au mieux le dispositif de confinement à la population.

David Gourion, psychiatre et ancien chef de clinique à Sainte-Anne a expliqué que « l’impossibilité de prédire l’évolution de la pandémie et la durée du confinement » est un des facteurs qui peut provoquer de la peur et du stress chez la population. Afin de prévenir au maximum ces risques, les annonces de prolongation du confinement ont été faites de manière progressive, des estimations de leurs durées et des protocoles clairs ont été communiqués à la population afin de la rassurer. Une méta-analyse parue sur la revue scientifique médicale britannique « The Lancet », regroupe le résultat de vingt-quatre études qui montrent les impacts psychologiques du confinement, lors de précédentes épidémies, sur un certain nombre de personnes ayant été confinées.

Ces études démontrent principalement une présence de symptômes de stress aigu chez ces personnes durant la période même de confinement. Mais également des symptômes de stress post-traumatique jusqu’à trois ans après le confinement. On retrouve ces symptômes aussi bien chez les adultes, que chez les enfants mais beaucoup moins chez les étudiants. Ces symptômes ont touché aussi particulièrement les personnes qui travaillent dans des lieux à haut risque, comme le domaine de la santé, qui sont en contact direct avec le virus ou plus susceptibles de l’être.

Par ailleurs, ces derniers présentaient, en plus du stress, des symptômes d’abus ou de dépendance à l’alcool. Ils étaient plus susceptibles de développer des symptômes d’épuisement, d’anxiété, d’irritabilité, d’insomnie et de troubles de la concentration. Une détérioration de leur rendement au travail, de la réticence à travailler et une volonté de démissionner ont aussi été constatés.

D’après l’étude, les personnes ayant été confinées, de manière générale lors d’anciennes épidémies, présentaient une prévalence élevée de symptômes de détresse et de troubles psychologiques ainsi que des symptômes de dépression, de peur, de mauvaise humeur, de colère et d’épuisement émotionnel et ce, même jusqu’à trois ans après le confinement. Leur comportement a changé, ces personnes étaient plus vigilantes et prudentes, évitaient ceux qui toussaient ou éternuaient (54% de l’échantillon), évitaient les endroits clos et bondés (26%) et les endroits publics (21%) particulièrement les semaines suivant le confinement.

Des facteurs qui peuvent aggraver les impacts psychologiques chez certaines personnes Le confinement peut impacter différemment les personnes selon la fragilité émotionnelle et les situations particulières et personnelles de chacun. Par exemple, une personne confinée seule peut ressentir un sentiment d’ennui ou d’isolement plus intense que les personnes confinées à plusieurs. Si dans un foyer, il y a des tensions familiales, de la violence conjugale ou si par exemple la situation financière du foyer est critique, les symptômes de stress et de dépression peuvent être plus importants et les personnes concernées peuvent même avoir des pensées suicidaires.

Le changement des habitudes lié au confinement peut impacter différemment les personnes selon les activités qu’elles avaient l’habitude de pratiquer avant cette période. Aussi, pour certaines personnes en télétravail durant le confinement, la charge de travail peut être plus importante et l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle plus difficile à gérer ce qui peut aggraver le sentiment de détresse psychologique et le risque de « burnout ». Enfin, la quantité d’informations diffusée par les médias via les multiples supports de diffusion peuvent provoquer de la panique et de la psychose et augmenter le risque de stress et d’anxiété chez certaines personnes durant cette période.


Comment éviter au maximum les impacts négatifs ?

Il est très important, en période de confinement, d’organiser son temps et d’adopter une routine qui permet d’obtenir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il faut y inclure un temps pour le travail, un temps pour les activités et un temps pour la détente. Il faut aussi veiller à conserver un bon rythme de sommeil, une alimentation saine et un minimum d’activité physique qui vont aider à se sentir bien physiquement et mentalement. Il ne faut pas oublier de s’informer régulièrement et à juste dose sur la situation afin d’éviter les risques d’anxiété et garder au maximum le contact avec son entourage, surtout si l’on est confiné seul, via les différents moyens de télécommunication existants.


Sources :

https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-
infectieuses/coronavirus/tout-savoir-sur-le-covid-19/article/reponses-a-vos-questions-sur-le-covid-
19
https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/maladie-covid-19-nouveau-coronavirus
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/prolongation-du-confinement-la-
dynamique-de-lepidemie-nous-emmene-sur-une-duree-potentielle-a-6semaines-explique-un-
membre-du-conseil-scientifique_3887901.html
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30460-8/fulltext#seccestitle20

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