vendredi 8 mai 2015

Le lavage des mains, une solution pour la protection de la santé ?

Le lavage des mains est un enjeu majeur pour la santé. Le 05 mai, à l’occasion de la journée mondiale pour le lavage des mains, l’OMS lancera une campagne mondiale pour promouvoir son rôle dans la lutte contre les microbes et les virus. Cette journée sera l’occasion de sensibiliser sur les bons gestes mais aussi à travers son volet humanitaire de communiquer sur des problématiques associées qui freinent l’observance des bonnes pratiques comme l’accès à l’eau, à l’éducation et aux infrastructures de santé.
L’hygiène des mains, un enjeu sanitaire pour les populations défavorisées 


Chaque année, 3,5 millions d’enfants meurent dès suite d’une maladie diarrhéique ou d’une infection respiratoire. Ces derniers sont particulièrement désarmés face aux maladies en partie due à une eau insalubre, l’absence d’installations sanitaires de base ou une méconnaissance de règles d’hygiène élémentaire. Des études de l’Unicef, ont pourtant conclu qu’il serait possible de réduire 50 % cette mortalité infantile si les communautés concernées se lavaient les mains au savon1[1].
Le lavage des mains au savon, en particulier après le passage aux toilettes et avant les repas, pourrait donc avoir un impact significatif sur la santé en général et donc favoriser la sortie de milliers de familles de la précarité. Malgré sa simplicité apparente, ce geste reste pourtant difficile à réaliser dans certains pays pour les raisons déjà évoquées : accès à l’eau, éducation. Sur ce dernier point, certaines campagnes de promotion pour l’hygiène des mains, misent sur un apprentissage des bons gestes par les enfants. Leur démarche consiste à faire de l’enfant un acteur du changement. En lui inculquant les bonnes pratiques dès le plus jeune âge, souvent au cours de la scolarisation, ces programmes lui transmettent un rôle d’ambassadeur de ces pratiques au sein de sa famille.  Ils placent donc l’enfant au centre d’un cercle vertueux.[2]
Dans certains pays, comme en Inde, le lavage des mains peut même être présenté comme un argument de promotion sociale. Un film d’animation diffuse le message que parce qu’ils se lavent régulièrement les mains comme peuvent le faire les médecins, les enfants deviendront à leur tour médecins[3].
Depuis un an, Ebola décime l’Afrique de l’ouest. On parle de 10000 morts et 25000 personnes infectées[4]. Le virus qui peut se transmettre par contact manuel a donc conduit à la mise en place d’importantes campagnes de sensibilisation à l’hygiène des mains dans les pays les plus touchés. Les équipes d’Action contre la Faim œuvrent quotidiennement dans ce sens auprès des populations exposées. En support des démarches pédagogiques, elles installent des infrastructures d’eau chlorée et distribuent des kits d’hygiène pour pallier aux déficiences des équipements. La clé du succès pour endiguer la maladie passe impérativement par la prévention des risques de transmission[5].
L’hygiène des mains, un enjeu économique
Toutefois, cette question de l’hygiène des mains n’est pas qu’une problématique de pays pauvres. Dans les pays industrialisés, elle est au cœur d’importants enjeux économiques et sanitaires. Une mauvaise observance du lavage des mains peut être responsable de nombreuses maladies virales sources de dépenses de santé colossales. Cette année même, en France, l’épidémie de grippe saisonnière a été particulièrement virulente. 2,7 millions de personnes infectées et plus de 12000 décès d’après l’institut de veille sanitaire. Chaque épisode épidémique impacte fortement les comptes de l’Assurance Maladie. Cette année, elle devrait coûter environ 180 millions d'euros, estime le directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel[6].
Pour les entreprises, les maladies virales, diarrhéiques et respiratoires (gastroentérite et grippe) sont également de véritables fléaux. Sur le plan organisationnel, elles sont déstructurées par un fort taux d’absentéisme générateur de retards, de perte d’efficience et de dépenses supplémentaires.
Un geste essentiel, mais pas dans nos habitudes ?!
Traditionnellement chaque hiver, en accompagnement des épidémies saisonnières de maladies virales, des campagnes de sensibilisation au lavage des mains sont diffusées dans les médias. Elles insistent sur l’efficacité des précautions en matière d’hygiène pour éviter de contracter gastroentérite, bronchiolite, grippe. Néanmoins est-ce que pour autant tous ces gestes, toutes ces bonnes pratiques sont respectés ?
À en croire une enquête de terrain menée dans une grande entreprise française, le message aurait du mal à être entendu de tous les publics. Ainsi, une infirmière de santé au travail a étudié le comportement des salariés à l’un des moment les plus révélateurs de notre rapport à l’hygiène des mains : la sortie des toilettes.
Voici ses observations :
-         26% des personnes ne se lavent pas du tout les mains après être passé aux toilettes. Cette  tendance est deux fois plus marquée  chez les hommes (38 %) que chez les femmes (12%)
-         12 % (uniquement des hommes…) font l’impasse sur le savon, se contentant de passer leurs mains sous l’eau.
-         Au-delà de 45 ans, l’attention portée à l’hygiène des mains est moins importante. Chez les hommes ils ne sont 36% contre 65% chez les moins de 25 ans. 
Ainsi, tout laisse à penser que le lavage des mains est plutôt une affaire de femmes et d’hommes jeunes et que serrer la main qu’un quinquagénaire relèverait de l’expérience périlleuse !
Si nous croisons cette enquête avec d’autres études, nous apprenons que l’observance de l’hygiène des mains est aussi conditionnée par l’heure de la journée et le milieu qui nous entoure. Nous serions donc plus prompts à nous lavez les mains le matin que soir et dans un lavabo propre de préférence d’après une étude publiée dans le Journal of Environmental Health[7]. Évitons donc de serrer la main de notre quinquagénaire passé 19h dans un bar miteux. Préférons la bise ! De même, la présence d’une affichette rappelant l’importance du geste est un facteur favorisant la pratique. Donc gardons de l’espoir, le Français est peut être discipliné si on le guide.


[1] http://www.unicef.org/french/media/media_45956.html
[2] http://www.unicef.org/french/wash/index_hygiene.html
[3] http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-votre-enfant-deviendra-docteur-s-il-se-lave-les-mains-_12889.html
[4] http://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/ebola/ebola-le-cap-des-10-000-morts-est-franchi_847471.html
[5] https://dons.actioncontrelafaim.org/campagne/ebola-defie-le-monde
[6] http://www.leparisien.fr/societe/assurance-maladie-la-grippe-devrait-couter-180-millions-d-euros-cette-annee-26-03-2015-4637153.php
[7] http://www.e-sante.fr/seuls-5-francais-se-lavent-correctement-mains-en-sortant-toilettes/breve/994

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