Le lavage des mains est un enjeu majeur pour la santé. Le 05 mai, à l’occasion de la journée mondiale pour le lavage des mains, l’OMS lancera une campagne mondiale pour promouvoir son rôle dans la lutte contre les microbes et les virus. Cette journée sera l’occasion de sensibiliser sur les bons gestes mais aussi à travers son volet humanitaire de communiquer sur des problématiques associées qui freinent l’observance des bonnes pratiques comme l’accès à l’eau, à l’éducation et aux infrastructures de santé.
L’hygiène des
mains, un enjeu sanitaire pour les populations défavorisées
Chaque année, 3,5 millions d’enfants meurent
dès suite d’une maladie diarrhéique ou d’une infection respiratoire. Ces
derniers sont particulièrement désarmés face aux maladies en partie due à une
eau insalubre, l’absence d’installations sanitaires de base ou une
méconnaissance de règles d’hygiène élémentaire. Des études de l’Unicef, ont
pourtant conclu qu’il serait possible de réduire 50 % cette mortalité infantile
si les communautés concernées se lavaient les mains au savon1.
Le lavage des
mains au savon, en particulier après le passage aux toilettes et avant les
repas, pourrait donc avoir un impact significatif sur la santé en général et donc
favoriser la sortie de milliers de familles de la précarité. Malgré sa
simplicité apparente, ce geste reste pourtant difficile à réaliser dans
certains pays pour les raisons déjà évoquées : accès à l’eau, éducation. Sur
ce dernier point, certaines campagnes de promotion pour l’hygiène des mains,
misent sur un apprentissage des bons gestes par les enfants. Leur démarche
consiste à faire de l’enfant un acteur du changement. En lui inculquant les
bonnes pratiques dès le plus jeune âge, souvent au cours de la scolarisation, ces
programmes lui transmettent un rôle d’ambassadeur de ces pratiques au sein de
sa famille. Ils placent donc l’enfant au
centre d’un cercle vertueux.
Dans certains
pays, comme en Inde, le lavage des mains peut même être présenté comme un
argument de promotion sociale. Un film d’animation diffuse le message que parce
qu’ils se lavent régulièrement les mains comme peuvent le faire les médecins,
les enfants deviendront à leur tour médecins.
Depuis un an,
Ebola décime l’Afrique de l’ouest. On parle de 10000 morts et 25000 personnes
infectées. Le
virus qui peut se transmettre par contact manuel a donc conduit à la mise en
place d’importantes campagnes de sensibilisation à l’hygiène des mains dans les
pays les plus touchés. Les équipes d’Action contre la Faim œuvrent
quotidiennement dans ce sens auprès des populations exposées. En support des
démarches pédagogiques, elles installent des infrastructures d’eau chlorée et
distribuent des kits d’hygiène pour pallier aux déficiences des équipements. La
clé du succès pour endiguer la maladie passe impérativement par la prévention
des risques de transmission.
L’hygiène des mains, un enjeu
économique
Toutefois, cette
question de l’hygiène des mains n’est pas qu’une problématique de pays pauvres.
Dans les pays industrialisés, elle est au cœur d’importants enjeux économiques
et sanitaires. Une mauvaise observance du lavage des mains peut être
responsable de nombreuses maladies virales sources de dépenses de santé
colossales. Cette année même, en France, l’épidémie de grippe saisonnière a été
particulièrement virulente. 2,7 millions de personnes infectées et plus de 12000
décès d’après l’institut de veille sanitaire. Chaque épisode épidémique impacte
fortement les comptes de l’Assurance Maladie. Cette année, elle devrait coûter environ 180
millions d'euros, estime le directeur de l'Assurance maladie, Nicolas Revel.
Pour les
entreprises, les maladies virales, diarrhéiques et respiratoires (gastroentérite
et grippe) sont également de véritables fléaux. Sur le plan organisationnel,
elles sont déstructurées par un fort taux d’absentéisme générateur de retards,
de perte d’efficience et de dépenses supplémentaires.
Un geste essentiel, mais pas dans
nos habitudes ?!
Traditionnellement
chaque hiver, en accompagnement des épidémies saisonnières de maladies virales,
des campagnes de sensibilisation au lavage des mains sont diffusées dans les
médias. Elles insistent sur l’efficacité des précautions en matière d’hygiène
pour éviter de contracter gastroentérite, bronchiolite, grippe. Néanmoins
est-ce que pour autant tous ces gestes, toutes ces bonnes pratiques sont respectés ?
À en croire
une enquête de terrain menée dans une grande entreprise française, le message
aurait du mal à être entendu de tous les publics. Ainsi, une infirmière de
santé au travail a étudié le comportement des salariés à l’un des moment les
plus révélateurs de notre rapport à l’hygiène des mains : la sortie des
toilettes.
Voici ses
observations :
-
26% des personnes ne se lavent pas du tout les mains après être passé
aux toilettes. Cette tendance est deux
fois plus marquée chez les hommes (38 %)
que chez les femmes (12%)
-
12 % (uniquement des hommes…) font l’impasse sur le savon, se
contentant de passer leurs mains sous l’eau.
-
Au-delà de 45 ans, l’attention portée à l’hygiène des mains est moins
importante. Chez les hommes ils ne sont 36% contre 65% chez les moins de 25 ans.
Ainsi, tout
laisse à penser que le lavage des mains est plutôt une affaire de femmes et
d’hommes jeunes et que serrer la main qu’un quinquagénaire relèverait de
l’expérience périlleuse !
Si nous
croisons cette enquête avec d’autres études, nous apprenons que l’observance de
l’hygiène des mains est aussi conditionnée par l’heure de la journée et le
milieu qui nous entoure. Nous serions donc plus prompts à nous lavez les mains
le matin que soir et dans un lavabo propre de préférence d’après une étude
publiée dans le Journal of Environmental Health. Évitons
donc de serrer la main de notre quinquagénaire passé 19h dans un bar miteux.
Préférons la bise ! De même, la présence d’une affichette rappelant
l’importance du geste est un facteur favorisant la pratique. Donc gardons de
l’espoir, le Français est peut être discipliné si on le guide.