jeudi 10 juin 2021

Les horaires atypiques

 Par Raynald Marlin

Pour ne pas perdre sa vie à la gagner


Aujourd’hui, 44 % de la population est concernée par les horaires atypiques soit 11 millions de salariés en France. Des horaires habituels sont situés du lundi au vendredi, de 8h à 18h. Un horaire atypique est un horaire qui est en dehors de cette période : travail de nuit, en week-end ou en dehors des heures ouvrables habituels.

Les enquêtes de l’INSEE et de Dares confirment que c’est une pratique contraignante qui obéit à une logique de secteurs professionnels et de métier. Les horaires atypiques concernent des salariés d’entreprises qui nécessitent une importante présence sur le lieu de travail afin d’assurer une continuité de service ou de production (infirmiers, aides-soignants, aides ménagers, agents d’entretiens, policiers, pompiers, chauffeurs, métiers de bouche, etc.).

Davantage de contrôles des horaires de la part de l’employeur, de journées morcelées, de sollicitations professionnelles en dehors des horaires de travail augmentent la nécessité de ces horaires atypiques et les salariés estiment souvent que leurs horaires sont peu compatibles avec leur vie personnelle.

 

Perturbation de l’horloge biologique 

Quand on parle de travail décalé, il s’agit essentiellement des horaires inverses au rythme biologique. Nous avons une horloge biologique qui représente l’ensemble des fonctions de notre corps ayant pour but d’ajuster les régulations des gènes des voies métaboliques en fonction des rythmes de vie (alimentation, sommeil, etc.).


Source : Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé


Notre organisme, avec les horaires décalés, modifie sa génétique avec la résistance à l’insuline, qui est une hormone naturellement sécrétée par le pancréas. Elle permet au glucose (sucre) d'entrer dans les cellules du corps.

On observe également des conséquences environnementales importantes qui peuvent perturber l’horloge biologique : le déficit du sommeil, le travail de nuit, le travail posté, les horaires décalés, les écrans, le bruit, la lumière tardive, les horaires de repas décalé. Ces modifications ont toujours existé mais il semble qu’elles soient plus importantes qu’auparavant, du fait de l’évolution de l’organisation du travail.

 

Le jet lag social

Le jet lag du voyage est ponctuel, on se recale dans un lapse de temps et les conséquences sont temporaires. Le jet lag social, qui est l’inversion des rythmes, se manifeste par un décalage chronique entre l’heure de sommeil et les jours de travail ou les jours de repos. Cela provoque une irrégularité chronique.

Les rythmes externes (jour/nuit) vont se synchroniser avec notre rythme endogène (fonctionnement métabolique) ce qui va nous permettre de trouver une horloge biologique harmonieuse. Cependant, quand il y a des rythmes sociaux qui ne sont pas synchronisés avec les rythmes externes, on remarque un décalage de la phase.


Source : Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé

 

Les effets sur la santé

Le premier trouble qui apparait chez les travailleurs en horaires atypiques est le trouble du sommeil. Les études rapportent que 50 % des travailleurs postés présentent des troubles du sommeil [4,5]. Les perturbations les plus rencontrées sont les difficultés d’endormissement, les perturbations du sommeil et le réveil précoce [2]. De plus, la qualité du sommeil est perturbée [3] du fait d’éveils répétés. Le travail à horaires atypiques est souvent associé à une diminution du temps total du sommeil [6] d’une durée moyenne de 2 heures par jour [1]. Ce raccourcissement de la durée de sommeil est responsable de la constitution d’une dette chronique de sommeil qui est génératrice de somnolence [2,6].

De plus, lorsqu’on a des horaires décalés, nous nous alimentons sur un rythme différent. Pour rester éveillé, on va manger davantage afin de lutter contre l’ennui ou le stress. On peut aussi manger de façon différente, avec par exemple un repas supplémentaire. Cela engendre un impact sur la quantité et la composition des repas et donc une modification de la balance énergétique.

Deux études montrent un impact métabolique au-delà de l’alimentation elle-même. Dans la première étude, il a été observé une augmentation de la masse grasse chez les sujets. Dans la seconde étude, un décalage de 3h30 a été appliqué à un groupe de femmes : des modifications métaboliques ont été observées : baisse de l’oxydation glucidique à jeun, baisse de la tolérance au glucose, etc.

Source : American Journal Clinical 2017, 106, 1213-19 et International Journal Obesity 2015, 39, 828-33

Des études ont montré une augmentation de l’IMC sur un suivi de 14 années chez les sujets qui sont en horaires décalés. Le travail de nuit des infirmières montre en général une prise de poids importante par rapport aux infirmières qui ne travaillent pas la nuit. Le travail posté est également associé de façon importante au risque du syndrome métabolique et le jet lag social semble être un prédicteur du gain d’IMC.

Source : Obesity 2008, 16, 1887 ; Scandinavian Journal Work Environ Health 2007, 33, 45 ; International Journal Obesity 1996, 25, 625 ; International Journal Epidemiol 2009, 38, 848

 

Les effets sur la vie sociale et familiale

A cause du travail en décalé, la vie sociale est limitée : on a des difficultés à organiser des rencontres amicales, à accéder aux activités sociales culturelles, sportives et associatives. De plus, le fonctionnement familial est déséquilibré, le temps de partage dans le couple est limité et la qualité relationnelle parents-enfants est impactée.

Il est important de rappeler que l’horaire atypique n’est pas un risque professionnel. Néanmoins, il peut être facteur de risque psychosocial et l’employeur se doit donc de protéger ses salariés.

 

Règlementation :

L'employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail).

 

Le travail de nuit est défini et régi par le code du travail : Art L. 3122-1 à L. 3122-4.

Il correspond à tout travail effectué entre 21 heures et 6 heures.

Toute autre  période de nuit définie par convention ou accord collectif doit être au moins égale à 9 heures consécutives : il comprend l’intervalle entre minuit et 5 heures, commence au plus tôt à 21 heures et se termine au plus tard à 7 heures.

Le travail posté est non défini par le code du travail mais par une directive européenne de 2003 : Directive 2003/88/CE.

 

L’article L 3122-29 du Code du Travail stipule : « Tout travail entre 21 heures et 6 heures est considéré comme travail de nuit […] l’intervalle compris entre 24 heures et 5 heures peut être substituée à la période mentionnée au premier alinéa par une convention ou accord collectif de travail […] »

Pistes de solutions et de prévention 

·      Promouvoir la bonne alimentation en fonction de la saisonnalité et de l’activité physique : mettre à disposition dans des distributeurs automatiques ou dans la cantine d’entreprise une alimentation saine, travailler sur la mise en place d’activités physiques avant la prise de postes des travailleurs.

·      S’appuyer sur la médecine du travail afin de suivre l’état de santé des travailleurs et associés les salariés avec les représentants quand il y a un changement organisationnel de prévus pour prendre en compte les chronotypes.

·      Discuter de l’organisation à partir des recommandations de l’ANSES de 2016 et des recommandations de la haute autorité de santé (HAS) de 2012.

·      Dans certaines entreprises, bien que le sujet soit délicat à aborder, il est possible d’aménager des temps de repos. D’une durée de quelques minutes, la sieste flash est efficace. Cette sieste constitue un moment réparateur. Il y a également la micro-sieste, qui dure de 10 à 30 minutes. Cette durée, qui ne suffit pas pour entrer en sommeil profond, sert à augmenter la vigilance. Enfin, la sieste royale, d’une heure ou une heure et demie, sert à la récupération physique et à rattraper du sommeil en retard.

 

Définitions :

Le travail de nuit concerne le travail effectué entre 21 heures et 6 heures. En principe, la durée quotidienne du travail accomplie par un travailleur de nuit ne peut excéder 8 heures.

Le travail posté correspond à une organisation du travail dans laquelle plusieurs équipes se relaient successivement aux mêmes postes de travail, selon un roulement prédéfini. La forme la plus connue est le 3 x 8, c’est-à-dire 3 équipes différentes qui se relaient sur le même poste pendant 24 heures.

Les horaires atypiques comprennent tous les aménagements du temps de travail qui ne sont pas « standards », c’est-à-dire 5 jours réguliers par semaine du lundi au vendredi, horaire compris entre 5 heures du matin et 23 heures, avec 2 jours de repos hebdomadaires. Le travail de nuit et le travail posté font partie des horaires atypiques.

L’horloge biologique représente l’ensemble des mécanismes biochimiques et physiologiques qui permettent une activité rythmique de l’organisme. Différents paramètres, comme la température, la pression artérielle, la vigilance, le métabolisme varient en fonction de l’heure de la journée.

Les chronotypes se répartissent entre les :

- Couche-tôt (chronotype du matin) (coucher avant 23h, 22h, 21h)

- Couche-tard (chronotype du soir) (coucher après 23h, 00h, 1h, 2h)

- Intermédiaires (ni couche-tôt, ni couche-tard) (23h-7h)

L’œil ne sert pas qu’à voir : chez une personne aveugle, l’horloge circadienne est en libre-cours.

L’horloge circadienne : C’est un rythme qui est défini par l’alternance entre la veille, c'est-à-dire la période de la journée pendant laquelle on est éveillé et le sommeil, c'est-à-dire celle pendant laquelle on dort. Il est d’environ 24 heures et peut varier d’un individu à l’autre. Cette variation reste limitée à une ou deux heures. Le rythme circadien est très stable d’un individu à l’autre au cours des différentes périodes de sa vie. Le rythme circadien prend probablement son origine dans le cadre de la régulation de notre horloge interne.

Sources bibliographiques :

§  Enquêtes emploi de l’Insee, « en continu »

§  Enquêtes Conditions de Travail pilotées par la Dares, tous les 3 ans

§  INRS ED 6324

§  INRS ED 6325

§  INRS ED 6326

§  INRS ED 6327

§  INRS ED 6305

§  Article de revue TS 801

§  IRNS - Colloque Prévention des risques liés au travail de nuit

§  TRAVAIL EN HORAIRES ATYPIQUES : IMPACT SUR LA SANTE ET RECOMMANDATIONS N. HALOUANI, R. MASMOUDI, S. ELLOUZE, M.TURKI, J. ALOULOU, O. AMAMI

§  [1] Billiard M, Dauvilliers Y. Troubles du rythme circadien veille/sommeil. EMC-Neurologie. 2004; 1:246-53.

§  [2] Leger D. Horloge biologique, sommeil et conséquences médicales du travail posté. Arch. Mal. Prof. Env. 2009;70:246- 252

§  [3] Noël S. La morbidité du travail à horaires irréguliers. Santé. 2010 ; 51.

§  [4] Adam A, Courthiat MC, Vespignani H, Emser W, & Hannarth B. Effets des horaires de travail posté et de nuit sur la qualité du sommeil, la vigilance et la qualité de vie: Etude interrégionale franco-allemande. Arch. Mal. Prof. Env. 2007 ; 68 : 482-93.

§  [5] Debbabi F, Chatti S, Magroun I, Maalel O, Mahjoub H, & Mrizak N. Le travail de nuit: ses répercussions sur la santé du personnel hospitalier. Arch. Mal. Prof. Env. 2004 ; 65 : 489- 92.

§  [6] Ohayon MM, Smolensky MH, Roth T. Consequences of shiftworking on sleep duration, sleepiness, and sleep attacks. Chronobiol Int. 2010;27(3):575-89.




La sécurité et la santé au travail s’affichent !

Article proposé par Kévin DA FONSECA- Etudiant LproQHSSTE, promo 2020-2021

L’institut National de recherche et de sécurité (INRS), créé en 1947, est un organisme généraliste en santé et sécurité au travail. Il intervient dans la prévention des risques professionnels.

L’INRS propose sur son site internet https://exposition-affiches.inrs.fr/ , une exposition en ligne d’affiches de prévention des risques professionnels.

Produite en 2014 par l’INRS et mise en scène par Ferraille Production dont Cizo et Felder , la première exposition à été ouverte au public au musée du Conservatoire National de Arts et Métiers (CNAM), à Paris. Intitulée « Danger ! Trésors de l’Institut National de Recherche et de Sécurité », l’exposition réunissait une sélection d’affiches publiées par l’INRS pendant les années 1960 à 1980. Des œuvres ont ainsi été détourées par le collectif Ferraille, pour mettre en avant la sécurité au travail sou un nouveau jour.

 Cette exposition est organisée en quatre sections :

1-              1-    Se protéger n’est pas ridicule

2-             2-     La sécurité, c’est l’affaire de tous

3-            3-      Les autruches ne sont pas en sécurité 

4-             4-     Et l’affiche en 2040 ?

A travers la première partie de l’exposition, nous allons retrouver des affiches de préventions issues de l’après-guerre et de la reconstruction industrielle. Principalement destinées aux ouvriers travaillant sur des chantiers, dans des mines, dans l’industrie, ces affiches incitent les ouvriers à redoubler de prudence dans leur travail et à adopter les bons gestes pour prévenir les risques et éviter les accidents. Cette section montre comme, au cours des années, au fur et à mesure de l’évolution de l’industrie et des entreprises, les affiches ont commencé à évoluer et à s’adapter aux nouveaux risques. Ainsi, par exemple, à partir des années ‘60 commencent à voir le jour des affiches de prévention destinées à la santé physique des travailleurs.

Enfin, dans les années ‘90, des affiches se développent pour prémunir non plus uniquement des risques physiques mais aussi des risques psychiques et des effets à long terme sur la santé.


Ici, les affiches sont provoquantes avec des images choc, des blessures ou des accidents douloureux. Le fait de provoquer les lecteurs peut les faire réfléchir aux accidents potentiels qu’ils peuvent subir. Aujourd’hui, ce style d’affiche devient rare. On préfère transmettre un message plus positif en étant moins provoquant dans les faits.

 La deuxième étape de notre exposition reprend le même schéma chronologique que la première, en commençant par les années ‘50. Il est intéressant de remarquer que les affiches présentées avaient pour but de culpabiliser le travailleur en cas d’accident. Il s’agit ici de remettre la faute de l’accident sur le travailleur car il n’a pas utilisé le matériel nécessaire pour être totalement en sécurité.

Cependant, avec l’avancée de l’industrie et de la prévention, de nouvelles affiches circulent. Elles déculpabilisent les salariés et nous montrent que la sécurité n’est pas uniquement leur responsabilité mais bien celle de toutes les personnes travaillant dans une même société. C’est en travaillant ensemble qu’elles arriveront à se prémunir du risque et des accidents.


La troisième section de l’exposition s’intéresse au graphisme des affiches. « Pour être efficace, l’affiche doit transmettre un message de prévention clair et simple que le salarié pourra s’approprier dans son activité professionnelle. Il faut surprendre le travailleur, attirer son regard, l’intéresser. ». C’est ainsi que l’INRS conçoit une affiche. Nous allons ainsi pouvoir remarquer que plusieurs styles d’affichent ont été créés. Certaines utilisent des mots chocs au lieu d’une situation, d’autres vont animer des mots en les structurants et en les mettant en scène sur les affiches, et d’autres encore vont utiliser nos émotions pour augmenter leur impact.

Grâce à l’aide de Bernard Chadebec, graphiste-affichiste, entre 1965 à 2005 l’INRS produit des affiches s’inspirant « de l’art contemporain et du monde de la publicité ».  Chadebec « épure » les affiches, les simplifie parfois jusqu’au pictogramme et introduit les couleurs vives, qui tranchent sur la grisaille des ateliers, les animaux et l’humour, qui dédramatisent les messages de prévention tout en retenant l’attention. ».


Ses affiches sont plus abstraites, elles transmettent un message qui pourrait être plus difficile à comprendre dans une phrase d’accroche expliquant le but de l’image.. Elles sont cependant plus artistiques et moins provoquantes que les précédentes.

Enfin, dans la dernière section de l‘exposition, l’INRS se demande quel sera l’avenir de l’affiche dans un futur proche : « Et l’affiche en 2040 ?».

Ils voient une évolution de l’affiche traditionnelle que nous connaissons tous. Celle-ci serait amenée à disparaitre pour pouvoir être remplacée par des versions plus modernes à travers des outils mobiles et informatiques. Avec les nouvelles générations, les modes de communications évoluent et s’adaptent à leur environnement. Le futur des affiches actuelles pourrait évoluer vers une version en ligne ou bien encore en réalité virtuelle.

Il est vrai que l’évolution de la technologie change la manière dont nous percevons les informations. Elles deviennent dématérialisées et circulent en permanence à travers le monde. Notre monde évolue et nous évoluons avec lui.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Les affichent sont-elles amenées à disparaitre ?

 

Bibliographie :

 

Exposition INRS d’affiches de santé et sécurité au travail. 2021,

URL: http://exposition-affiches.inrs.fr, consulté 8 mai 2021

Propreté des rues. Ces agents de l’ombre qui entretiennent notre quotidien

Article proposé par Kévin DA FONSECA- Etudiant LproQHSSTE, promo 2020-2021 

Les agents d’entretien municipaux sont quotidiennement confrontés à des risques, qu’ils soient physiques, psychiques ou biologiques. Aujourd’hui ces risques augmentent. La crise sanitaire actuelle à fait émerger un risque supplémentaire, dû aux masques que l’on peut retrouver au sol et qui peuvent contaminer les personnes qui les touchent. Mais ce ne sont pas les seuls risques !

 Cependant, le travail de ces personnes qui bravent le mauvais temps et la chaleur est-il suffisamment respecté ?

La fiche métier que nous pouvons retrouver sur le site bossons-fute.fr, nous donne beaucoup d’informations concernant ce métier. On y apprend donc que l’agent de nettoyage urbain assure la propreté des espaces publics et privés. Cet emploi ne nécessite aucune qualification spécifique. Ils sont amenés à laver les rues et les zones de marchés, ramasser les feuilles mortes, les papiers et les déchets, vider les poubelles publiques, etc. Ils utilisent aussi des outils manuels comme le balai ou les souffleuses de feuilles mais aussi des outils mécaniques comme les balayeuses ou les laveuses de voiries. Les nettoyeurs urbains sont aussi amenés à utiliser des produits chimiques, dans le processus de nettoyage des espaces publics.

Pourtant ces emplois, que ce soit le nettoyage urbain ou le ramassage des ordures ménagères, peuvent paraitres très simples et sans dangers, mais ils présentent bel et bien un certain nombre de risques. Ils sont confrontés aux risques de chutes, aux Troubles Musculo Squelettiques (TMS), aux risques chimiques, mais surtout aux risques biologiques. Aujourd’hui, le risque biologique est très présent dans leur quotidien. Mais tout d’abord, qu’est-ce que qu’un risque biologique. Il s’agit, d’après le document intitulé « Les risques biologiques dans la collecte des déchets ménagers et assimilés » de la CRAMIF, de l’exposition d’une personne à des agents biologiques (=microbes) pendant leur travail. Ces agents biologiques, vont être présents dans les déchets (ordures ménagères, emballages alimentaires, etc.), sur les poubelles ou les conteneurs, les sacs ayant servi à stocker les déchets, la benne de collecte ainsi que les outils ou objets ayant été en contact avec les déchets (balais, pelles, gants, vêtements de travail…). Les employés peuvent attraper ces agents biologiques en les touchant, en respirant les poussières provenant des déchets, en cas de reversement de déchets sur soi ou encore en cas de piqure en ramassant une seringue usagée ou bien en cas de blessure pendant le ramassage ou la collecte d’ordures. Le masque, qui est aujourd’hui un objet pouvant transmettre la COVID-19, devient un risque supplémentaire, lorsque les agents d’entretien doivent les ramasser et les jeter.

Tous ces microbes peuvent provoquer chez eux des infections, des problèmes gastro intestinaux, des maladies de la peau, des problèmes respiratoires et aussi des allergies. Le moyen le plus efficace pour éviter d’être contaminé par ces agents biologiques, passe par le port d’une tenue de travail et d’outils adaptés (tenue de travail, combinaison jetable, gants de travail, masques et lunettes de protection, etc.).

On apprend, d’après un article de l’INRS intitulé « Collecte des déchets : les risques du métier », que le nombre de journées perdues par an dues à des accidents du travail ou des maladies professionnelles est de 230 000 et que 60% des accidents du travail sont liés aux manutentions manuelles. On y apprend aussi qu’un accident du travail est d’une durée moyenne de 78 jours et qu’une maladie professionnelle de 200 jours. Ces chiffres révèlent donc bien la dureté et l’effort nécessaire à toutes ces personnes quotidiennement.

Mais alors comment faire pour éviter tous ces accidents du travail et ces maladies professionnelles. Il faut mettre en place des mesures de prévention.

L’article de l’INRS « Collecte des déchets : passez à l’action ! » nous explique quels types de mesures peuvent être prises et comment les mettre en place.  Il y 3 mesures de prévention à mettre en place afin de réduire ces risques professionnels. « Tout d’abord, en supprimant ou réduisant le danger, en mettant en place des mesures de protection collectives ou bien en utilisant des équipements de protection individuelle (EPI) si les autres mesures ne suffisent pas à réduire les risques. Former et informer les salariés sur les risques et leur prévention ».

Ces 3 mesures de prévention sont extraites des 9 grands principes généraux qui régissent la prévention, qui sont eux-mêmes extraits de l’article L4121-2 du code du travail, qui concerne les obligations de l’employeur. L’INRS, dans son « Introduction à la prévention », nous explique le but de chaque principe et nous aide à mieux les comprendre.

« 

-                  Éviter les risques, c'est supprimer le danger ou l'exposition au danger.

-                  Évaluer les risques, c'est apprécier l’exposition au danger et l’importance du risque afin de prioriser les actions de prévention à mener.

-                  Combattre les risques à la source, c'est intégrer la prévention le plus en amont possible, notamment dès la conception des lieux de travail, des équipements ou des modes opératoires.

-                  Adapter le travail à l'Homme, en tenant compte des différences interindividuelles, dans le but de réduire les effets du travail sur la santé.

-                 Tenir compte de l'évolution de la technique, c'est adapter la prévention aux évolutions techniques et organisationnelles.

-                  Remplacer ce qui est dangereux par ce qui l’est moins, c’est éviter l’utilisation de procédés ou de produits dangereux lorsqu’un même résultat peut être obtenu avec une méthode présentant des dangers moindres.

-                  Planifier la prévention en intégrant technique, organisation et conditions de travail, relations sociales et environnement.

-                 Donner la priorité aux mesures de protection collective et n'utiliser les équipements de protection individuelle qu'en complément des protections collectives si elles se révèlent insuffisantes.

-                  Donner les instructions appropriées aux salariés, c’est former et informer les salariés afin qu’ils connaissent les risques et les mesures de prévention.

».

Avec toutes ces informations, nous sommes à présent capables d’identifier des situations présentant des risques pour nos travailleurs et donc d’identifier des actions à mettre en place pour limiter ou supprimer leur exposition aux risques. Voici quelques exemples de mesures de prévention à mettre en place quotidiennement selon le type de risque : (Exemples de prévention issus de l’article de l’INRS « Collecte des déchets : passez à l’action ! »)


Prévenir les chutes :

-          Faites respecter la règle des 3 appuis lors de la montée / descente du camion

-          Formez le personnel à l’usage du marchepied et de la main courante.

-          Autorisez l’usage du marchepied uniquement en vitesse de conduite inférieure à 25 km/h.

-          Faites effectuer le bâchage et le débâchage des bennes depuis le sol.

-          Equipez vos salariés de chaussures de sécurité montantes à semelles antidérapantes.


 

Prévenir les risques liés aux manutentions manuelles :

-          Mécanisez les manutentions chaque fois que possible

-          Limitez les distances à parcourir lors du déplacement avec port de charges.

-          Favorisez l’utilisation des bacs sur roues pour faciliter le déplacement des charges.

-          Veillez au bon état et au bon étiquetage des contenants avant leur manutention et leur transport.

-          Privilégiez le travail en binôme pour les charges lourdes.

-          Formez les salariés concernés à la prévention des risques liés à l’activité physique (Prap).


Prévenir les risques chimiques :

-       

Mettez à disposition des matériels permettant une manipulation et un stockage des produits sans risque (contenants étanches, produits absorbants en cas de fuite)

-          Vérifiez les conditions de transport des produits selon la réglementation « Accord pour le transport des marchandises Dangereuses par la Route » (ADR).

-          Assurez-vous que la documentation et les consignes de sécurité se trouvent à bord du véhicule.

-          Assurez-vous que le conducteur ainsi que les membres de l’équipage ont suivi la formation ADR.

-          Vérifiez la présence à bord du véhicule du bordereau de suivi de déchets dangereux (BSDD).

-          Formez les salariés aux risques chimiques.

-          Fournissez le matériel de protection adapté aux produits transportés (chaussures, gants, combinaisons, extincteurs).

 

Bibliographie :

CRAMIF. (s. d.). Les risques biologiques dans la collecte des déchets ménagers et assimilés. Consulté à l’adresse https://www.fnade.org/ressources/_pdf/1/823-risques-biologiques-collecte-dechets.pdf

Agent d’entretien et de nettoyage urbain. (s. d.). Consulté 4 mars 2021, à l’adresse http://www.bossons-fute.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=431:agent-d-entretien-et-de-nettoyage-urbain&catid=2&Itemid=3

Article L4121-2—Code du travail—Légifrance. (s. d.). Consulté 4 mars 2021, à l’adresse https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000033019913/

Collecte des déchets : Les risques du métier—Votre métier—INRS. (s. d.). Consulté 4 mars 2021, à l’adresse https://www.inrs.fr/metiers/environnement/collecte-dechets/collecte-dechets-risques

Collecte des déchets : Passez à l’action ! - Votre métier—INRS. (s. d.). Consulté 4 mars 2021, à l’adresse https://www.inrs.fr/metiers/environnement/collecte-dechets/collecte-dechets-agir

Les 5 accidents du travail les plus improbables

 Myriam MARLIN


Les accidents du travail sont largement étudiés dans notre licence QHSE.

Selon le Code de la sécurité sociale, la définition d’un accident du travail est la suivante : « Est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail de toute personne salariée ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit pour un ou plusieurs employeurs ou chefs d'entreprise ». Ameli

Parler d’accidents du travail n’est pas toujours évident car il s’agit souvent de personnes subissant des dommages avec des conséquences parfois graves, également pour les entreprises.

En effet, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), en 2020, 4 travailleurs par minute sont morts d’un accident ou d’une maladie liée au travail.

Ce sujet étant assez compliqué à aborder, il y a malgré tout des évènements qui prêtent à sourire, malgré la gravité des conséquences. Ils ne seront probablement jamais étudiés car l’erreur est évidente, insolite et font parfois à sourire. Des salariés maladroits ou malchanceux font parfois des erreurs pouvant être évitées s’ils avaient eu plus de jugeote.


Quels sont les accidents du travail les plus fous, les plus insolites ou les plus improbables ?

 

Un homme meurt pendant une relation sexuelle lors d’un déplacement professionnel



En 2013, un technicien de sécurité, parti en déplacement professionnel durant plusieurs jours, doit passer la nuit sur place. Il décide d’aller passer du bon temps chez une femme. Pendant la relation, il est victime d’une crise cardiaque et décède en plein acte.

La Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) s'immisce dans le dossier et considère la mort du salarié comme un accident de travail, ce que refuse légitimement l'entreprise !

L’affaire va donc jusqu’en justice, l’entreprise estimant que c’est un acte « privé » et donc hors du cadre professionnel : la mort n’est pas imputable au travail mais bien à l’acte sexuel en lui-même.France Bleu

Finalement, après des années de procédure, la justice donne raison à la CPAM, estimant qu’un salarié « a droit à la protection prévue par la Sécurité sociale pendant tout le temps de sa mission ». 


En pratique, on dit qu'il y a accident du travail :

-          S’il existe un lien de subordination entre la victime et son employeur au moment de l'accident ;

-          Que l'accident est à l'origine de lésions corporelles ou psychiques ;

-          Qu’il peut être daté avec précision

 

Dans ce cas, les trois conditions étaient réunies, d’où la conclusion de la justice, qui peut tout de même faire sourire…


Un homme saute par la fenêtre pour prouver qu’elle est solide

 


Garry Hoy, avocat canadien de 38 ans, fait visiter les locaux de son entreprise à des stagiaires. Il les emmène dans son bureau en haut de la Bank Tower du Dominion Center à Toronto et arrive un moment où il souhaite leur faire une démonstration sur la solidité des fenêtres : il prend son élan et se jette sur la fenêtre. Certes, la fenêtre ne s’est pas brisée… Mais elle est sortie de son cadre, et l’homme est tombé du 24ème étage, devant les yeux de ses étudiants médusés. Blog Mistertemp

L’accident s’étant déroulé dans le cadre de son travail, il s’agit bien d’un accident du travail. Cependant, le geste était absurde, puisqu’un avocat n’a pas besoin de prouver la solidité des fenêtres, qui parait sans importance. S’il souhaitait vraiment le faire, il aurait mieux valu qu’il utilise un objet !


Un policier teste un gilet en kevlar en le portant sur lui


Jeffrey Hofman, jeune policier de Géorgie qui souhaitait tester la solidité des gilets en kevlar décide d’enfiler le gilet afin de le tester. Il demande à l’un de ses collègues de le poignarder avec un couteau, afin de lui prouver que ce matériau était impénétrable. Mauvaise idée : la lame a traversé le kevlar et Jeffrey en est décédé. Blog Mistertemp

Le test de la solidité d’un gilet ou de tout autre matériel doit toujours se faire sur un mannequin. Cela aurait prouvé la solidité et Jeffrey serait toujours parmi nous !


L’homme qui sauta de la tour Eiffel en Wingsuit


Dans les années ‘20, Franz Reichelt, couturier Autrichien essayait de fabriquer des parachutes révolutionnaires en forme de Wingsuit (combinaison ailée), mi-cape mi-parachute. Il les testa à une hauteur de 10m mais sans succès. 

Il n’a pas remis en cause son modèle mais plutôt la hauteur de laquelle il sautait, estimant qu’elle n’était pas assez élevée. En 1921, il s’est donc rendu au 1er étage de la Tour Eiffel (324m de hauteur). Résultat : c’était son équipement qui ne fonctionnait pas… Il est mort sur le coup. Blog Mistertemp

Il aurait également dû avoir recours à un mannequin pour tester la solidité de ses équipements…


Une femme déclare une maladie professionnelle pour cause de Pôle Nord

Une hôtesse de l’air découvre qu’elle a un cancer. Travaillant régulièrement sur une ligne aérienne passant au-dessus du Pôle Nord, elle a réussi à faire passer son cancer en maladie professionnelle pour ce motif : au pôle Nord, la Terre protège beaucoup moins des radiations solaires ! Association Maladie

Selon l’Assurance Maladie, une maladie professionnelle est la conséquence de l’exposition plus ou moins prolongée à un risque qui existe lors de l’exercice habituel de la profession. Le cancer de cette hôtesse de l’air est donc, par définition, recevable en tant que maladie professionnelle. Ameli



Si l’on prend connaissance de ces 5 accidents, nous pouvons nous dire qu’il y a encore de quoi faire concernant la santé et la sécurité au travail pour éviter des dommages.

Ne pas tout faire et tout tester soit même devrait faire partie du bon sens de chacun, surtout en entreprise.

Malheureusement, certains ont toujours du mal à porter des Equipements de Protection Individuelle ou se disent qu’ils iront plus vite s’ils font une action sans aide particulière.

Sensibiliser les salariés pour qu’ils veillent eux-mêmes à leur propre sécurité est aussi important que de veiller à leur sécurité !

 

Sources




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