jeudi 15 avril 2021

Apprenons les gestes qui sauvent

Article proposé par A.R- Etudiante LproQHSSTE, promo 2020-2021  

Chaque jour, des situations dramatiques pouvant amener la mort ou des handicaps majeurs sur des victimes peuvent être épargnées en effectuant les gestes de premiers secours. Les premières minutes qui suivent l’accident ont donc une importance cruciale. Toutefois, porter secours à une personne ne s’improvise pas. Il faut apprendre, s’entrainer pour réagir correctement et rapidement face à un évènement dangereux. La première chose est d’analyser la situation, de sécuriser la zone et dalerter les secours (112,18 ou 17) en utilisant le haut-parleur pour réaliser en même temps les premiers gestes. Des gestes inadéquats peuvent endommager la situation. Dans cet article, je vous propose de vous révéler les gestes de premiers secours à appliquer sur 4 différentes situations. Chaque situation propose des liens vers des vidéos de sensibilisation.

1-    L’électrisation

Ne pas toucher la victime pour ne pas être vous-même victime d’électrisation. Couper le courant électrique (le disjoncteur) et débrancher la prise de l’appareil coupable. S’il est impossible de couper le courant électrique ou l’appareil à l’origine de l’électrisation, éloigner la victime ou la source avec un élément isolant (balai en plastique, bout de bois). Ensuite, vous pouvez toucher la victime et lui prodiguer des soins auprès de la victime selon son état (brûlures, inconsciente, ne respire plus, etc.). Pour les femmes enceintes, l’hospitalisation est automatique pour vérifier l’état de santé du bébé.

2-    Les brûlures

Les brûlures peuvent être thermiques, chimiques ou électriques.

a-   Les brûlures chimiques, électriques et thermiques

Ne jamais percer les cloques mais les protéger avec un pansement stérile





Refroidir immédiatement toutes les parties du corps touchées par ruissellement d’eau tempérée et à faible pression (10°-25°). Retirer les vêtements imbibés de produit et couvrant la brûlure. Si la brûlure est grave, poursuivre l’arrosage jusqu’à l’obtention d’un avis médical. Préciser le nom du produit en cause pour les brûlures chimiques. Voici quelques exemples de brûlures graves :

Brûlures graves
 


b-    Projection de liquide chimique dans l’œil

Rincer abondamment à l’eau immédiatement en prenant soin que l’eau de lavage ne coule pas sur l’autre œil. Si vous possédez un rince œil, utiliser le :

Quand utiliser un rince œil portatif ? Solutions de lave oeil—SMSP. (s. d.). Consulté 8 mars 2021, à l’adresse https://www.smsp.fr/blog/quand-utiliser-un-rince-oeil-portatif

Rince-œil


c-   
Brûlures interne par ingestion ou inhalation

Mettre la victime en position demi-assise pour faciliter sa respiration. Garder l’emballage du produit. Demander un avis médical. Préciser bien la nature du produit. Ne donnez jamais à boire à la victime. Attendez l’arrivée des secours.

3-   La victime ne répond pas mais elle respire

Libérer les voies aériennes. Cela permet l’écoulement des liquides vers l’extérieur, éviter que la langue chute dans le fond de la gorge.

Libérer les voies aériennes


Si la victime reste sur le dos, elle est exposée à des difficultés respiratoires importantes. Mettre la victime en Position Latérale de sécurité (PLS).

Position latérale de sécurité

A la fin de cette manipulation, couvrez la victime et surveillez sa respiration jusqu’à l’intervention des secours.

4-   La victime ne répond pas et ne respire pas

Vérifier la respiration

La vie d’une victime en arrêt respiratoire peut entrainer un arrêt cardiaque. Des lésions du cerveau surviendront au bout de 3 minutes qui suit si aucun geste n’est réalisé.
Allonger la victime sur le dos. Libérer les voies aériennes sans perdre de temps (ouvrer les vêtements). Ouvrir la bouche et enlever tout corps étranger. Basculer doucement la tête de la victime en arrière et soulever le menton. Vérifier la respiration.



Regarder, écouter, sentir pendant 10 secondes maximum. Aucun mouvement du ventre et de la poitrine, aucun souffle perçu, aucun bruit entendu. La victime ne respire plus. Dans ce cas, alerter les secours et débuter immédiatement une réanimation cardio-pulmonaire (RCP). Dans le cas d’un adulte :


ALTERNER 30 COMPRESSIONS THORACIQUES ET 2 INSUFFLATIONS


Si un défibrillateur (DAE) est proche, le mettre en œuvre le plus tôt possible et suivre ses indications vocales en interrompant le massage cardiaque le moins possible. Continuez la réanimation jusqu'à ce que les secours d'urgence arrivent.

Pour conclure, chacun d’entre nous devrait consacrer une petite partie de son temps libre pour apprendre à dispenser les premiers soins. Des associations initient les individus aux gestes de premiers secours. Différents diplômes peuvent prouver vos connaissances de base en secourisme et votre aptitude à réagir en cas de danger. La formation « Prévention et secours civique de niveau 1 » (PSC1) est le diplôme ouvert au grand public dès 10 ans. Le  « Sauveteur Secouriste au Travail » (SST) est réservé aux travailleurs. La « Formation aux gestes et soins d'urgence » (AFGSU) est réservée aux personnels de santé. Savoir pratiquer les gestes correctement et à temps peut être décisif pour la vie d’une personne, il est donc important que chaque formation soit recyclée 

BIBLIOGRAPHIE :

-Premiers soins. (s. d.). Consulté 9 mars 2021, à l’adresse Brulûres website: https://www.brulures.be/fr/traitement-des-brulures/la-brulure/premiers-soins

-Accidents d’électrisation : Comment réagir ? (s. d.). Consulté 9 mars 2021, à l’adresse https://www.allodocteurs.fr/se-soigner/urgences/premiers-secours/accidents-delectrisation-comment-reagir_26847.html

-Secourisme : Définition et organisation—Protection Civile Paris Seine. (s. d.). Consulté 9 mai 2021, à l’adresse https://www.protectioncivile.org/comprendre-le-secourisme/

-https://www.secourisme.net/IMG/pdf/referentiel_technique_gqs.pdf

-http://www.cfrc.fr/documents/gnrfps.pdf

-

 -Position latérale de sécurité : Comment faire. (s. d.). à l’adresse https://www.helsana.ch/fr/blog/sujets/connaissances-en-matiere-de-sante/position-laterale-de-securite.html

-LES GESTES QUI SAUVENT PHASE I & II - ppt video online télécharger. (s. d.). Consulté 8 mars 2021, à l’adresse https://slideplayer.fr/slide/1295062/

-Quand utiliser un rince œil portatif ? Solutions de lave oeil—SMSP. (s. d.). Consulté 8 mars 2021, à l’adresse https://www.smsp.fr/blog/quand-utiliser-un-rince-oeil-portatif



jeudi 11 mars 2021

Le harcèlement moral au travail : une bombe à désamorcer d’urgence !


une bombe à désamorcer
Article proposé par A.RENARD - Etudiante LproQHSSTE, promo 2020-2021  

Des propos désobligeants, des conflits exacerbés, ces actes sont souvent associés au harcèlement moral qui est devenu une préoccupation dans la société. Cependant, étant un sujet assez tabou dans le monde du travail, les salariés manquent encore d’informations pour identifier et réagir face ce phénomène. Les entreprises ne souhaitent pas ébruiter ce genre d’affaires, qui risqueraient de ternir leur image. Pourtant, ce phénomène concerne tous secteurs, les entreprises de toute taille, ainsi que tous les échelons hiérarchiques. Si vous faites partie de ces personnes, prenez le temps de lire cet article, il vous sera bénéfique. 

Qu’est-ce que le harcèlement moral ?

La psychologue Marie-France Hirigoyen a utilisé pour la première fois, le terme « Harcèlement moral » en France dans son livre Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, publié en 1998. Elle le définit comme « toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’un salarié, mettant en péril son emploi, ou dégradant le climat de travail. » (Hirigoyen, M. (2017). CHAPITRE II - Définition et processus, Le harcèlement moral au travail, pages 10-21

En France, par l’implication du Conseil d’économique et social (CES), le harcèlement moral au travail a été reconnu le 11 avril 2001. Selon le CES, « Constitue un harcèlement moral au travail tous agissements répétés visant à dégrader les conditions humaines, relationnelles, matérielles de travail d’une ou plusieurs victimes, de nature à porter atteinte à leurs droits et à leur dignité pouvant altérer gravement leur état de santé et pouvant compromettre leur avenir professionnel » (page 3, http://www.ammppu.org/abstract/harcelement_moral.pdf)

Cette définition a été retenue par le projet de loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, elle entre dans le code du travail et apparait de manière plus explicite : « un salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel »

En complément de ces définitions, dans son ouvrage pionnier La persécution au travail, le psychologue Heinz a listé 45 agissements constitutifs regroupés en 5 catégories :

- Empêcher la victime de s’exprimer,

- Isoler la victime

- Déconsidérer la victime auprès de ses collègues

- Discréditer la victime au travail

- Compromettre la santé de la victime

 Il différencie ainsi un « simple » conflit ou la sévérité de la Direction ou une mauvaise ambiance de travail. 

Je vous invite à regarder ces éléments à partir de ce lien :  45 agissements selon Leymann

Que recherche l’harceleur ?

L’harceleur vise à détruire l’autre. Mais quels sont les éléments déclencheurs ?

Actuellement, la jurisprudence reconnait 3 types de formes de harcèlement moral au travail :

-          Le harcèlement individuel : L’auteur de ces agissements a une personnalité de type « obsessionnel », « pervers narcissique » ou porteuse d’une pathologie du caractère. Il pratique le harcèlement dans le but de destruction d’autrui et de valorisation de son propre pouvoir

-          Le harcèlement stratégique / institutionnel : Organisé à l’encontre d’un ou plusieurs salariés dans le but de dévier les mesures légales de licenciement. Le principe consiste à mettre toujours plus de pression, à fixer des objectifs inatteignables, à surcharger de travail. La personne devient vulnérable et finit par craquer. Cette forme institutionnelle du harcèlement provient d’un problème de structure, de management, qui est susceptible de dégrader les relations de l’ensemble du personnel.

-          Le harcèlement transversal : relève d’une dynamique collective. Il s’agit d’un moyen de balancer la souffrance collective sur un bouc émissaire. Le souffre-douleur est tenu responsable de tous les dysfonctionnements au sein de l'équipe. Il se trouve isolé du groupe. Le choix du souffre-douleur peut être dû à sa différence (religieuses, culturelles, de son apparence physique, son origine, etc.)

Quelles sont les conséquences de ces actes ?

Le harcèlement moral fait partie des RPS (Risques psycho-sociaux). Il s’agit de « risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental » (Les RPS), Le harcèlement moral peut déclencher ou renforcer d’autres effets, comme le stress et le burn-out. Ces manifestations provoquent des symptômes (Pour plus d’informations : Stress et risques harcelements-violences internes).

La répétition d’ordres humiliantes et disqualifiantes pendant un vaste temps dégrade la santé de la victime. Cependant, les troubles ne résultent pas uniquement de la provocation elle-même, mais surtout d’un sentiment d’impuissance des victimes qui les empêche de se défendre. Elles cherchent des explications logiques au comportement de leurs agresseurs.

La victime de harcèlement n’est pas la seule à souffrir.  Les collègues, la famille, l’entreprise peuvent être directement impactés par ce dommage.

Qui peut apporter une aide à la victime ?

Dans l’entreprise, la victime peut contacter son manager, les représentants du personnel, la direction des ressources humaines, un médiateur, le CSE et le médecin du travail.

L’employeur a l'obligation de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de prévenir le harcèlement moral. Il faut qu’il identifie les dysfonctionnements organisationnels, améliore les pratiques managériales et s’assure du suivi. De plus, pour prévenir ce risque, il est important d’informer et de former les salariés (organiser des réunions d’information au sein de l’entreprise, des réunions de réflexion avec le CSE, des discussions en groupe ou à deux, diffuser des documents de travail sur le sujet, etc.).(pages 138-139, Dr Christian Stock. (2015). Le Harcèlement au travail : Le reconnaitre et s’en protéger)

La médecine du travail peut participer à la prévention. Elle peut également agir en présence d’harcèlement. La victime l’informe de ses conditions de travail et de son état de santé. Selon le degré d’harcèlement, elle peut proposer des solutions telles qu’une transformation/mutation du poste, établit un arrêt de travail ou prononce une « inaptitude à tous postes de l’entreprise » quand le problème vient de la hiérarchie.

Un médiateur devra être nommé au sein de l’entreprise. Il intervient pour inciter les parties à se réconcilier en vue de mettre fin à ce phénomène et d’éviter une action en justice auprès du conseil des prud’hommes.

La direction des ressources humaines, le CSE, ainsi que les représentants du personnel peuvent intervenir pour analyser la situation, trouver les éléments déclencheurs et faire cesser le problème. LE CSE dispose d'un droit d'alerte pour prévenir l'employeur de tout cas de harcèlement moral.  Il accompagne également la victime. Il est là pour écouter, aider à saisir les juridictions, orienter vers des associations spécialisées, un médecin du travail, son médecin traitant ou un soutien psychologie externe. En effet, certaines personnes préfèrent demander de l’aide à des acteurs externes de l’entreprise.

Comment prouver le harcèlement ?

D’après l’article L1154-1 du code du travail, la victime doit rassembler un certain nombre d’éléments matériels pour prouver l’existence du harcèlement.

Témoigner ce n’est pas balancer
Tous les écrits de l’harceleur portant atteinte à la victime, montrant une différence entre elle et les collègues sont des éléments de preuves : lettres recommandées, lettres d’avertissements, courriels, SMS, messages vocaux, notes internes, post-it, le rapport d’entretien annuel d’évaluation, les clauses du contrat de travail, etc. Les certificats médicaux portant uniquement sur l’état de santé et décrivant les effets du harcèlement moral sur votre santé physique et morale aussi peuvent être utilisés comme preuves, ainsi que les ordonnances pour des médicaments psychotropes.

Les victimes ne doivent pas négliger les témoins. Les témoins peuvent rédiger une attestation pour exprimer ce qu’ils ont vu ou entendu.                                                                                                                                          

Pour conclure, l’employeur est tenu de sensibiliser son personnel sur les risques liés au harcèlement moral et les moyens de préventions mis en place. Le harcèlement moral est destructeur pour le salarié qui en est victime. A long terme, les séquelles occasionnées ne disparaissent pas totalement. Victimes ou témoins, il faut oser parler le plus tôt possible pour mettre fin à ce phénomène. 

BIBLIOGRAPHIE

- Page 3, http://www.ammppu.org/abstract/harcelement_moral.pdf
Hirigoyen, M. (2017). CHAPITRE II - Définition et processus, Le harcèlement moral au travail,pages 10-21
-Article L1152-1—Code du travail—Légifrance. (s. d.). Consulté 16 mars 2021, à l’adresse https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006900818)
-Les RPS, de quoi parle-t-on ? | Santé Travail FP. (s. d.). Consulté 17 mars 2021 ; https://www.santetravail-fp.fr/risques-psychosociaux/comprendre/la-rps-de-quoi-parle-t
-Stress au travail. Effets sur la santé—Risques—INRS. (s. d.). Consulté 16 mars 2021, à l’adresse https://www.inrs.fr/risques/stress/effets-sante.html
-Harcèlement et violence interne. Conséquences pour les salariés et l’entreprise—Risques—INRS. (s. d.). Consulté 11 juin 2021, à l’adresse https://www.inrs.fr/risques/harcelements-violences-internes/consequences-salaries-entreprise.html
- Pages 138-139, Dr Christian Stock. (2015). Le Harcèlement au travail : Le reconnaitre et s’en protéger. Les miniguides ECOLIBRIS
Article L1154-1—Code du travail—Légifrance. (s. d.). Consulté 16 mars 2021, à l’adresse https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000033019902/


dimanche 1 novembre 2020

L’hyperconnexion : un nouveau risque ?

Myriam MARLIN

Le droit à la déconnexion a été, plus que jamais, mis à mal pendant les confinements successifs.

Une étude menée par l'association AXA Prévention souligne que les Français sont devenus accros aux écrans avec 4h22 en moyenne par jour. Il est donc nécessaire de pouvoir se déconnecter en dehors de ses horaires de travail pour éviter l’hyperconnexion dont nous sommes déjà victimes dans notre vie privée.

Mardi 17 mars 2020. Date du 1er confinement en France. Des millions de Français passent au télétravail et j’en fait partie. Après avoir été chercher mon matériel informatique au bureau, je m’installe confortablement dans mon canapé pour mon premier jour de télétravail.

Je rattrape beaucoup de retard que j’avais accumulé et décide même de m’avancer pour les jours à venir : pas de collègues = pas de discussions informelles = je suis plus productive.

J’allume la lumière, dis donc, la nuit tombe vite !

L’horloge affiche 23h30 et je me rends compte que j’ai travaillé beaucoup plus de temps que prévu, sans même m’en rendre compte…


En quoi le fait de ne pas se déconnecter de son travail est-il un risque pour la santé mentale ?


Qu’est-ce que le droit à la déconnexion ?

Déconnecter signifie « se séparer, se détacher d’un tout, supprimer les connexions » (Larousse).

Le droit à la déconnexion c’est « autoriser au salarié de ne plus être disponible pour son employeur en dehors de ses horaires de travail, et protéger son temps de repos » (Challenges).

Une déviance peut même découler du droit à la déconnexion :  Le cyberharcèlement. Il y a des pratiques dans les sociétés qui peuvent nous « forcer » à rester connecté à toute heure. « L’harceleur utilise les moyens de communication digitaux ou des réseaux sociaux pour perpétrer une série d'offensives personnelles » (Crise-Up).  Il faut donc se méfier des excès de contrôles de connexion à un réseau professionnel (tchat par exemple), de l’isolement (ne pas être dans la boucle d’un mail fait à toute une équipe), des sollicitations déplacées ou à heure excessive, etc.

 Que prévoit la loi ?

La loi Travail (El Khomri) de 2016 a entre autres comme objectif d'adapter le droit du travail à l'ère du digital. Le principe de droit à la déconnexion a été repris dans l'article 55 de la loi, qui se trouve dans le chapitre II intitulé "Adaptation du droit du travail à l'ère du numérique".

L 2242-8, 7° du code du travail :

« Les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l’entreprise de dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale. A défaut d’accord, l’employeur élabore une charte, après avis du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel. Cette charte définit ces modalités de l’exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d’encadrement et de direction, d’actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques ». (Legifrance)

La loi El Khomri ne prévoit pas de définition claire et précise du droit à la déconnexion, tout comme le Code du travail. C’est donc aux entreprises elles-mêmes d’en définir les modalités à travers une charte. Ceci explique les nombreuses dérives, les définitions de ce droit étant propres à chaque entreprise.

 Pourquoi est-il si difficile de rester déconnecté ?

A l’aire du numérique, du digital et de l’hyperconnexion, il est très difficile de rester déconnecté. Avec les applications mobiles, même si l’ordinateur est éteint, les mails et les tchats peuvent être affichés en plein milieu d’une conversation privée.

De plus, se fixer un horaire raisonnable, surtout en télétravail, est une obligation que peu de travailleurs respectent. En effet, de nombreux télétravailleurs déclarent travailler plus longtemps. L'une des raisons à cela est que la frontière entre vie professionnelle et vie familiale est mince dans ce type de travail. Il est également tentant de travailler à des heures irrégulières ou de rester éveillé tard pour terminer un projet et avoir le sentiment de prendre de l’avance.

 Quels sont les risques de l’hyperconnexion ?

L’hyperconnexion est un risque pouvant être classé dans les risques psychosociaux (RPS) à travers le document unique (DUERP). En effet, le fait d'être sans arrêt sollicité par son travail lors de ses heures de pause (après le travail, pendant le week-end ou les vacances) est une source de stress parfois négligée.

La réception constante de notifications provenant d’e-mails, messagerie instantanée et autres réseaux sociaux génèrent du stress car nous voulons y répondre rapidement.

L’e-mail facilite le burn-out car le sentiment de perdre pied peut très vite arriver, avec une boîte e-mail saturée. Le temps qui passe culpabilise, avec un sentiment d’urgence et de surcharge d’informations. Selon une étude effectuée par la société californienne Roambi en 2013 (créatrice d’une application qui transforme les données d'entreprise brutes en graphiques conçus pour les appareils mobiles), 89 % des cadres consultent leurs e-mails professionnels en dehors de leurs heures de travail.

« Le droit à la déconnexion doit permettre d'éviter l’épuisement professionnel » expose Sonia Moreau, avocate spécialiste du droit social. « La porosité entre vie professionnelle et vie personnelle est un terreau favorable au burn-out mais le salarié à un rôle à jouer. Il est même l’acteur principal : dans de nombreux dossiers, on s’aperçoit que quand bien même l’employeur a instauré un guide de bonne pratique sur la déconnexion, les salariés (cadres dans la grande majorité) n’arrivent pas à se déconnecter totalement ».

 Comment faire pour respecter ce temps de déconnexion ?

Il est parfois difficile de se déconnecter...

Des personnes dans mon entourage m’ont confié qu’elles ne pouvaient pas laisser une notification en attente sur leur téléphone. Certaines me font même la remarque lorsque, en pleine conversation, je reçois une notification : « Hey, tu as reçu un message ! » « Oui, je sais, mais je suis en train de discuter avec toi, là... ». Il est donc primordial, dans la vie professionnelle comme dans la vie privée, de respecter ce droit. 

1.    Il est important de définir un horaire de travail et de s'y tenir. Trouvez un horaire quotidien qui correspond à votre vie personnelle et vous donne suffisamment de temps pour passer une bonne nuit de sommeil. 

2.    Aménagez un lieu dédié au travail (bureau, chambre d’amis) qui n’empiète pas sur votre lieu de vie quotidienne. Se détacher du travail passe aussi par le cadre de vie.

3.     Établissez un planning des tâches journalières (voir la Matrice de Eisenhower) en réservant des plages horaires dans votre agenda. Manager-go.com

4.    Ne cédez pas à l’instantanéité de la messagerie : désactivez les notifications à partir d’une certaine heure est possible avec la fonction « ne pas déranger 

5.    Appelez vos collègues au lieu d’envoyer des e-mails ou des messages sur le tchat : en plus de vous sentir moins seul, vous pourrez renouer avec ces discussions informelles qui manquent tant en télétravail.

6.    Pensez à vous déconnecter des applications professionnelles en dehors des horaires ou des jours de travail pour ne pas être tenté de replonger dans le travail.

7.    Évitez d’envoyer des mails en dehors des horaires de travail : utilisez plutôt la fonction « envoi différé ».

8.    Paramétrez un message automatique quand vous êtes absent au travail avec le numéro des collègues à contacter en cas de besoin.

9.    Faites des pauses !

 Pour aller plus loin …

Carole Blancot, Guide du bon usage professionnel des outils numériques et de l’exercice du droit à la déconnexion (2018), Independently published

Cet outil précieux pour les ressources humaines comme pour les salariés vise à donner à chacun les règles du « savoir travailler ensemble en étant connectés ». Il combine des conseils de bonnes pratiques et des techniques pour réussir à se déconnecter.

Sources :

·         Total welllness ; Forum Doctissimo ; Caceis ; Journal du Net ; Challenges

·         Michaël Stora, Anne Ulpat, Hyperconnexion (2017), Larousse

lundi 28 septembre 2020

Promo 2020-21, un certain potentiel...

Raynald, Cassandra, Vincent, Christophe
SofiaFadela, Angela, Iliesse, Mai Anh
Manivonne, Audrey, Valentin, Mohamed Amine
 
 
Aurore, Héole, Angéla, Essenam

Reine, Myriam, Kévin. Impossible de choisir entre les 2 photos...

mardi 1 septembre 2020

Les maladies professionnelles

Par Maude Modestin


De nos jours, les maladies professionnelles sont de plus en plus présentes. Quel que soit

l’activité professionnelle les risques et les dangers sont présents à différents degrés.

L’hygiène, la sécurité et la santé sont indispensable au sein du bien-être des salariés. Si un

salarié effectue un travail qui lui fait courir un risque pour sa santé, on parle de « maladies

professionnelles ». Elles sont définies par la simple exposition longue ou courte face au

danger et au risque. Les salariés sont y exposés principalement pendant leur temps de

travail.



I. Définition et généralité des maladies professionnelles

a. Définition


Une maladie professionnelle est la conséquence d’une exposition plus ou moins prolongée à

un risque d’une profession. Ce peut être, par exemple, l’inhalation quotidienne de

poussières ou de vapeurs toxiques ou l’exposition répétée à des agents physiques comme le

bruit. Déterminer la cause d’une maladie professionnelle est souvent difficile d’autant plus

que certaines maladies peuvent se manifester des années après le début de l’exposition au

risque.


Selon  l'article L.461-1 du code de la Sécurité Sociale, pour être reconnue comme

professionnelle et donner lieu à une réparation, une maladie doit :

  Soit figurer dans l’un des tableaux de maladies professionnelles,

 Soit être identifiée comme ayant un lien direct avec l’activité professionnelle par le

système complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles.


On peut reconnaître une maladie professionnelle grâce :

 A des lésions

 A des symptômes

 Au délais de prise en charge


Parmi les maladies professionnelles les plus courantes, nous retrouvons les troubles

musculosquelettiques et les infections du rachis lombaire qui représentent plus de 80 % des

maladies professionnelles.


b. La déclaration des maladies professionnelles


La déclaration se fait par la victime qui la transmet ensuite à sa caisse primaire d’assurance

maladie sous un délai de 15 jours. Attention, il ne faut pas confondre le délai de déclaration

avec le délai de prise en charge.



Certificat médical initial

La déclaration de maladie professionnelle rédigée par la victime doit être accompagnée d’un

certificat médical. Ce certificat médical descriptif établi par le médecin comporte la nature

de la maladie, les manifestations constatées imputables au risque professionnel et les suites

probables.


Il s’agit d’un certificat en 4 exemplaires dont un doit être remis à l’employeur.



Enquête administrative

La caisse ouvre automatiquement une enquête administrative et médicale dans le cadre

d’une déclaration de maladie professionnelle. L’enquêteur doit recueillir des informations

sur le poste de travail de la victime ainsi que les tâches qu’elle effectue lors d’un entretien

afin de compléter la déclaration. De plus l’enquêteur rencontre l’employeur ainsi que les

salariés afin d’en appendre sur la victimeµ. Dans les cas extrêmes, l’enquêteur peut

s’appuyer sur l’avis du médecin du travail ainsi que celui de la Caisse Régionale d’Assurance

Maladie.


A savoir que L’enquêteur ne prend pas de décision mais transmet toutes les informations

recueillies au cours de l’enquête administrative au gestionnaire de la Caisse de Sécurité

Sociale.



Délai d’instruction

Conformément à l’article R. 441-10 du code de la Sécurité sociale, la caisse possède un délai

de 3 mois à compter de la date à laquelle elle a eu connaissance de la déclaration de maladie

professionnelle pour statuer sur le caractère professionnel de la maladie et rendre sa

décision.



c. La prise en charge


Lorsque la Caisse d’Assurance Maladie reconnait qu’il s’agit d’une maladie professionnelle le

salarié est pris en charge par une branche qui s’appelle l’Assurance maladie dans le secteur

des Accidents de Travail et Maladies professionnelles.

Pour que la maladie soit reconnue, elle doit figurer dans les tableaux de l’INRS. Il y a des

exceptions telles que le salarié considère que sa maladie est une maladie professionnelle

mais qui ne figure pas dans les tableaux. Le salarié est redirigé vers le Comité Régional de

Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP) composé d'experts médicaux, 

l'avis s'impose à la caisse d'Assurance Maladie.

Le dossier effectué par la CAM doit comprendre un avis du médecin du travail de l’entreprise

du salarié et le rapport permettant d’apprécier les conditions d’exposition au risque

professionnel.


Notons que les maladies peuvent ainsi être reconnues d'origine professionnelle selon

quelques critères comme :


 Les maladies désignées dans un tableau de maladies professionnelles mais pour

lesquelles une ou plusieurs conditions comme le délai de prise en charge, ou la durée

d'exposition ne sont pas remplies. Ce tableau est établi afin de démontrer qu'elles sont

directement causées par le travail habituel de la victime.


 Les maladies non désignées dans un tableau de maladies professionnelles. Le tableau

stipule qu’elles sont essentiellement et directement causées par le travail habituel de la

victime et qu'elles entraînent une incapacité permanente d'un taux au moins égal à

25 % ou son décès.



II. Les causes des maladies professionnelles

a. De quoi résulte une maladie professionnelle


Comme nous le savons, une maladie professionnelle est la conséquence de l’exposition, plus

ou moins prolongée et répétée, d’un risque existant lors de l’exercice habituel d’une

profession et qu’il difficile d’en fixer le point de départ puisque la cause professionnelle de la

maladie n’est pas toujours évidente.


Bien qu’elle ne soit pas désignée dans les tableaux de maladies professionnelles, celle-ci

peut être reconnue dans le cadre du système complémentaire de reconnaissance des

maladies professionnelles.



b. Dans quelle circonstance est-elle dit grave ?


Établir une relation directe entre la maladie d'un travailleur et son activité professionnelle

peut s'avérer parfois difficile. C'est pourquoi la reconnaissance du caractère professionnel

d'une maladie résulte :


 Soit d'une présomption de l'origine professionnelle lorsque le malade remplit toutes

les conditions de prise en charge inscrites à l'un des tableaux annexés au livre IV du

Code de la Sécurité sociale pour les salariés relevant du régime.


 Soit de la reconnaissance par la Caisse primaire d’assurance maladie ou la caisse de

Mutualité sociale agricole, après avis d’un comité régional spécialement chargé de

ces questions, d'un lien existant entre l'activité professionnelle du travailleur et sa

maladie.


Une maladie professionnelle est déterminée en fonction de la probabilité que le risque

survienne et de sa gravité. Chaque risque doit être analysé et étudié afin de mettre en place

toutes les mesures nécessaires pour aider la victime.


Si la maladie entraîne une priorité 1 ou 2, elle laissera des conséquences. En effet, la victime

peut se retrouver avec un aléa qui lui empêcherait de se rétablir complètement et qui aurait

des conséquences sur son travail actuel, voire dans le pire des cas entraîner la mort.

Cependant, s’il ne s’agit que d’une priorité 3, la victime aura quelques séquelles qui se

rétabliront avec le temps mais qui resteront toutes fois visibles sur le travail de la victime.



III. Conclusion


L’origine d’une maladie professionnelle n’est pas toujours évidente à déterminer surtout si

elle se déclare des années plus tard, mais nous savons qu’elle résulte d’une exposition

longue et répétée d’une activité physique. Sa prise en charge est indéfinie et

particulièrement si elle n’est pas encore reconnue par l’INRS.

La gravité d’une maladie professionnelle peut avoir des conséquences désastreuses comme

la perte d’un membre, une incapacité temporaire ou permanente et dans certains cas, la

mort. C’est justement pour éviter qu’une maladie se déclare que le document unique a été

mis en place et que des campagnes de sensibilisation sont régulièrement faites pour

prévenir les salariés aux risques auxquels ils sont exposés.